jeudi 11 février 2010

révérences qui peut

LÉCHONS
NOUS


Il faut vraiment s'y mettre à fond là, vraiment se remplir le bide de tous les mots qu'on peut, tous les noms mots qu'on peut à se rassasier et faire fondre le reste qui n'est pas encore comestible parce que trop dur ou trop mou ou trop chaud ou trop froid, tout, tout y aller respirer les émanations de tout ce qu'on pourra y trouver, et creuser, creuser encore et soulever et soulever encore pour voir s'il ne resterait pas encore une petite chose à lécher dessous ou a sucoter jusqu'au trognon jusqu'à écœurement si on peut se remplir les poches de tout ce qui est imprimer, manger de l'écriture à même la bouche parfois, de bouche en bouche avaler le débordement de l'autre qui peut et sauve toutes peaux mortes qui peut jusqu'à fabrication, jusqu'à pouvoir se fabriquer le costume qui va, le patchwork qui va de peau de l'autre, toute la peau de l'autre assimilé en bouche jusqu'à débordement de nos corps jusqu'à épuisement de nos pores jusqu'à dissolution de nous, jusqu'à l'interaction complète des mots de l'autre en nous, de tous les autres, de tous les mots et plus en nous sans plus de nous que de possible je

Trois bouts d'improvisation d'mots




vidéo à partir de bouts de 3 performances.
à Syn-le-Nobles (La Maison des Arts)

à Dunkerque (La Plate-Forme)

en Allemagne (Le Mau CLub, Rostock).


J'ai essayé de traduire, dans ce petit montage, le temps jouant sur la perte de sens, le ratage de la parole dans la communication mais aussi une certaine angoisse du public, qui se prête dans le même temps à l'expérience et crée inconsciemment les conditions nécessaires au dialogue. Les improvisations n'ont pas comme volonté première de donner de la pensée, elles tentent de faire penser. La présence de mon corps comme objet de transfert pour l'autre.